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Éclats. Prises de vue clandestines des camps nazis par Christophe Cognet et Annette Wieviorka

« Il faut garder tout ce
qui nous permet de nous retrouver, même si c’est d’une manière “dégradée”
 ».
Historienne et spécialiste de la Shoah, Annette Wievorka a illustré vendredi
cette volonté de maintenir « de façon virtuelle le lien social ».
Avec Christophe Cognet, scénariste et cinéaste, elle a pris part, via la plateforme de visioconférence
Zoom, au rendez-vous fixé sur le thème « Éclats. Prises de vue
clandestines des camps nazis » qui devait initialement se tenir à
l’Institut de la photographie, à Lille.

 

Christophe Cognet est scénariste
et cinéaste. Ses travaux portent, entre autres, sur les traces et la mémoire,
et dit lui-même que « le cinéma [lui] a été donné comme quelque chose
de lié à l’archéologie
 ». En 2019, il publie Éclats, un corpus
regroupant les rares images capturées par les détenus des camps nazis. Annette
Wieviorka est quant à elle spécialiste de l’histoire des juifs au XXème siècle.
C’est à elle que l’on doit, notamment, L’Ère du Témoin.

 

Le temps de leur réflexion,
Christophe Cognet et Annette Wieviorka mêlent alors philosophie, photographie
et histoire ; et s’interrogent sur les problématiques de mémoire. « Je
n’aime pas cette expression de ‘devoir de mémoire’ »
, ajoutera Annette
Wieviorka. À une heure où la richesse d’Internet, à double-tranchant, peut
parfois mener à la diffusion de théories négationnistes, « ce qui est
un devoir, c’est d’écrire l’histoire 
».

 

Alors que les camps nazis étaient,
comme chacun.e le sait, régis par l’horreur et la torture, faire photo permet
alors de « faire société », de mettre la solidarité et la
sensibilité à l’oeuvre. Dans Éclats, Christophe Cognet écrira d’ailleurs
que ces photos, prises à la volée, en s’exposant au danger, sont de véritables
actes de résistance politique : la résistance de la vie elle-même, grâce à
laquelle les déportés, qui pensaient enterrer leurs mots et leurs souvenirs
dans les camps, peuvent laisser une trace de leur passage.

 

« J’essaie de poser des
questions aux images
 », dit Christophe Cognet. À Annette Wieviorka
d’ajouter : « ce n’est pas la photo qui nous dit quelque chose,
mais le réci
t ». Ces précieux clichés nous permettent alors de rentrer
à l’intérieur des camps, et de raconter l’histoire avec une justesse
difficilement égalable.